lundi 8 juillet 2013

Revue de presse : " Elles ont épousé un homme mais également sa profession " ...

 Article du site web " Morning Life Magazine " :
La semaine dernière, Laëtitia a eu la gentillesse de nous parler de son "couple hors du commun", de son style de vie ainsi que de l'adaptation quotidienne à laquelle elle doit faire face quand son mari s'absente plusieurs semaines ou plusieurs mois. A travers ses mots nous avons pu constater que non seulement elle avait choisi de partager sa vie avec un homme mais également avec le métier de ce dernier. Et enfin, nous avons vu que cette situation n'était pas toujours acceptée par l'entourage de Laëtitia.
Cette semaine pour cette seconde et dernière partie, "Sélène" nous entraine dans le tourbillon de sa vie. Tout comme le précèdent témoignage, les mots de Sélène n'ont pas été modifiés ou retouchés ceci afin de conserver l'authenticité qui en découle.
Selène

Notre rencontre remonte en mars 2009, coup de foudre. A cette date, il était déjà militaire depuis 3ans et on en a beaucoup parlé car il se justifiait par rapport à l’image que peuvent donner les militaires (fêtards, hommes à femmes etc. etc...).  Mais à vrai dire, je n’accorde pas d’importance aux « on dit » face à ce métier car je baignais un peu dans le milieu avec mon meilleur ami qui lui aussi est militaire. Donc, pour ma part, je ne me suis pas posée plus de questions. Pour moi c’était un métier comme un autre.
Mais avec cette rencontre j’ai été mise de suite dans le « bain » de la vie de compagne de militaire car un mois après il partait en Mission de Courte Durée (MCD) pendant 4mois.
C’est vraiment une semaine avant son départ que les questions sur « Nous » sont arrivées. Notre histoire était toute récente. Un mois seulement. Est-ce que nous tenions assez l’un à l’autre pour faire face à cette absence de 4mois ? Va-t-il m’être fidèle ? Va-t-il penser à moi ? Suis-je aussi importante à ces yeux qu’il le dit ? En fait c’était plus des questions liées à notre couple, à sa longévité. 
Il m’a rassurée tant qu’il a pu jusqu’au jour du départ. Moment affreux mais j’ai voulu y faire face, lui montrer que j’étais forte et lui faire comprendre que je l’attendrais.
Le premier mois a été rude car peu de nouvelles due à son installation, aux « passassions des commandes », mais je m’occupais un maximum pour que le temps passe plus vite. Le plus difficile c’était le soir… Après ce laps de temps, tous les jours j’avais de ses nouvelles et je sentais en moi des sentiments grandissants et c’est pendant cette MCD que je me suis dit que c’était lui.
A son retour, nous nous sommes mis en ménage, entraînant l’incompréhension de beaucoup et l’inquiétude chez nos familles respectives. Mais allez savoir pourquoi, pour nous c’était une évidence que nous ne parvenons toujours pas à expliquer.
A partir de ce moment là, plus de questionnement sur notre avenir. J’étais sereine et, lui aussi. Quoiqu’il arrive, je me sentais déjà prête à le suivre, à l’attendre.
Cette première mission fût la base des autres car elle nous a rapproché malgré l’éloignement.
Au jour d’aujourd’hui je vis plutôt bien ces absences. Mais je pense que ma nature solitaire m’aide beaucoup. L’amour qu’il me porte me prouve que je n’ai aucune inquiétude à avoir et avant tout on privilégie la communication.
J’aime ma vie telle qu’elle est, même rythmée par son éloignement. Je ne connais pas la routine. Son métier est source d’imprévus et ne pas savoir de quoi est fait le lendemain me convient tout à fait.
Mais il y a quand même du négatif dans tout cela :
- Les imprévus nous gâchent parfois nos vacances, car il peut partir et le savoir une semaine à l’avance donc prévoir quoique ce soit avec mon militaire est impossible.
- Les mutations et l’avenir professionnel des compagnes de militaire peuvent être un vrai casse tête.
- La plupart du temps, les ennuis m’arrivent quand il est absent et donc j’ai appris à être débrouillarde mais il arrive que je craque car à trop encaisser mes nerfs lâchent et là oui je maudis son métier…
Ensuite par rapport à mon entourage, ma famille a très bien accepté le fait que je sois avec un militaire, contrairement à mes « soit-disant amis ». J’en ai perdu en l’espace de trois ans. Beaucoup n’arrivaient pas à comprendre ce mode de vie atypique. J’entendais souvent de leur bouche : « il est parti, mais tu le savais en te mettant avec lui alors j’espère que tu ne viendras pas te plaindre », ou il m’est arrivé plusieurs fois d’annuler des soirées avec eux car mon militaire venait d’apprendre qu’il partait dans 3jours alors je préférais profiter de lui pendant ce temps et beaucoup m’en ont voulu. Je ne leur reproche pas, mais s’ils ne peuvent comprendre cela, ça ne sert à rien que je continue à les voir. 
Étant avec un militaire m’a donc permis de voir qui étaient mes vrais amis mais aussi me rendre compte que les seules personnes qui sont restées sont elles mêmes militaires ou compagnes de militaires…
Être femme de militaire demande donc beaucoup de patience, apprendre à faire des concessions mais aussi je pense qu’il faut arriver à mettre sa vie entre parenthèses. Je pense aussi qu’il faut savoir se mettre à la place de son conjoint.
En général quand il part en MCD, Opex ou sur le terrain, j’essaie de me mettre dans sa tête, ce qui m’amène généralement à être beaucoup moins égoïste. Je m’explique : Quand mon homme part, il va dans un lieu qui lui est totalement inconnu. Il doit faire sa place, prendre ses marques. Moi je suis dans notre « chez nous », dans notre confort tout en conservant mes habitudes. Par conséquent je fais en sorte qu’il vive au mieux son départ en étant compréhensive, à son écoute. J’évite tout sujet qui peut entraîner une dispute. Mon but premier c’est qu’il soit fier de moi à son retour. 
Cependant, loin de moi l’envie de te dire que tout est beau, tout est rose pendant ses absences. Il m’arrive de craquer, de me sentir seule ( même si avant son départ il m’offre toujours quelque chose pour m’occuper : 1ère  MCD : un chaton lol et 2ème MCD : 2 puzzles de 1500 pièces). Étant loin de ma famille et de mes vrais amis et n’arrivant pas à m’intégrer dans la ville où nous sommes actuellement, les nerfs craquent parfois. Puis les absences de nouvelles peuvent être difficiles à supporter car généralement c’est quand il m’arrive des ennuis qu’il n’est pas joignable. La dernière MCD en date, j’ai dû passer 1mois et demi sans aucune nouvelle et là j’avoue on se pose beaucoup de questions : Comment va-t-il ? Que fait-il ? Où est-il ? Lui est-il arrivé quelque chose ? J’étais à fleur de peau. Un rien pouvait parfois prendre une dimension gigantesque. En gros j’étais invivable mais je m’y attendais. Et quand les nouvelles sont arrivées, c’est magique. 
L’euphorie prend place. C’est ce genre de situation qui nous rapproche davantage. Et je ne te parle pas des retrouvailles. Moment magique presque irréel car on se dit « Ça y est ? C’est vraiment fini ? ». On a du mal à y croire. A chaque fois qu’il m’appelle pour me dire : «  je suis en France », je reste sans voix, toute timide et limite je n’y crois pas. Et c’est à partir de ce moment précis que l’attente devient une éternité. On voit les secondes, les minutes passer très lentement. J’ai l’impression que ces retrouvailles n’arriveront jamais tellement le temps passe lentement. Et dès que je le vois après 5 mois d’absence, mon cœur s’emballe, mes yeux deviennent humides et là j’ai l’impression de redevenir ado, toute timide en ne sachant pas quoi faire : Lui sauter dans les bras ? L’embrasser ? Je me sens maladroite mais cela dure uniquement quelques secondes car après l’amour prend le dessus. 
Pour être franche, j’adore ce moment là. Ce sont des sensations, des ressentis que personne ne peut connaître à part les femmes de militaires. Ce moment est vraiment magique !
Un jour, nous avons fait une petite expérience. Dans le cadre de mon emploi, j’ai dû partir un mois. Il a pu donc faire l’expérience de l’absence. Et à vrai dire il l’a mal vécu. Se retrouver seul dans notre maison le rendait souvent nostalgique et parfois triste. Il a ainsi pu voir ce que c’était et je crois que cette expérience lui à vraiment ouvert les yeux sur ce que je pouvais ressentir quand lui partait.
Cela fait maintenant trois ans que nous sommes ensemble, j’ai donc vécu deux MCD et une multitude de terrains, mais pour rien au monde je ne changerais ma vie. Je ne pourrais pas revenir dans une routine et une monotonie que beaucoup de couples connaissent. J’ai appris à vivre au jour le jour et au rythme du métier de mon futur époux.
Aujourd’hui nous venons même de remplir sa fiche de mutation. Si tout va bien l’année prochaine nous partons. Un nouvel avenir s’offre à nous. Départ à zéro pour moi professionnellement parlant. Oui je suis inquiète, oui, je me demande si j’arriverais à trouver du boulot et avoir une vie sociale mais j’avance malgré ces inquiétudes car dans tout couple, il faut savoir faire des concessions ;)


Comment rester de marbre en lisant les mots de Sélène ? Comment éprouver de l'incompréhension face à cet amour atypique ? Certes, certain(e)s après avoir lu ce témoignage vont se dire "Oui, bof, il n'y a pas que dans cette situation où on connait l'éloignement avec le conjoint". Je suis tout à fait d'accord avec ça MAIS avouons qu'entre un déplacement à San Francisco dans un hôtel 5* et un déplacement en zone de conflit comme l'Afghanistan par exemple, il y a une sacrée différence non ?
Avant que chacun(e)s retourne à son quotidien, j'aimerais encore remercier Laëtitia et Sélène et le texte qui suit, c'est pour vous 2 mais aussi pour toutes les femmes de militaire à travers le monde. 

Le Bon Dieu était en train de créer un modèle de femme de militaire et en était à son sixième jour de travail supplémentaire quand un ange apparut. "Seigneur, il semble que vous ayez là beaucoup de soucis" dit-il. "Qu'est-ce qui ne va pas avec ce modèle?"

Le Seigneur répondit: "Avez-vous lu les instructions concernant cette commande?

Cette femme doit être totalement indépendante, posséder les qualités à la fois du père et de la mère, être une parfaite hôtesse pour quatre invités comme pour quarante et ce avec une heure de préavis, "marcher" au café noir, parer à toute urgence sans manuel, être capable de poursuivre ses activités allègrement même si elle est enceinte et grippée, vouloir bien déménager dix fois en dix-sept ans. Ah! Et puis elle doit avoir quatre bras.
" L'ange secoua la tête: "Quatre bras? Impossible!"

Le Seigneur poursuivit: "Ne vous en faites pas. Nous ferons d'autres femmes de militaires pour l'aider. Nous la doterons d'un cœur particulièrement fort pour qu'il puisse se gonfler de fierté au récit des exploits de son mari, supporter la douleur des séparations, continuer à se battre inlassablement quand elle est débordée et fatiguée, et être assez grande pour dire "je comprends" quand elle ne comprend pas, et dire "je t'aime" sans réserve."
"Seigneur," dit l'ange en lui touchant le bras doucement, "allez vous coucher et prenez un peu de repos. Vous pourrez terminer demain."

"Je ne peux m'arrêter maintenant," dit le Seigneur, "je suis si près de réussir à créer quelque chose d'unique. Déjà ce type de femme se guérit toute seule quand elle est malade, peut héberger six invités imprévus pour le week-end, dire au revoir à son mari sur un quai, une piste ou dans une gare, et comprendre pourquoi il est important qu'il parte."

L'ange fit le tour du modèle de femme de militaire, la regarda de près et soupira: "Elle a l'air bien, mais elle est trop douce." "Elle a l'air peut-être douce," répliqua le Seigneur, "mais elle a la force du lion. Vous n'imaginez pas tout ce qu'elle est capable d'endurer et de supporter."

Finalement, l'ange se pencha et caressa du doigt le visage de la création de Dieu. "Il y a une fuite sur sa joue!" constata-t-il. "Quelque chose ne va pas dans votre construction. Je ne suis pas surpris. Vous essayez d'en mettre trop dans ce modèle."
Le Seigneur parut offensé par le manque de confiance de lange: "Ce que vous voyez là n'est pas une fuite. C'est une larme..."
"Une larme? Pourquoi donc?" demanda l'ange.
Le Seigneur répondit: "C'est pour la joie, la tristesse, la douleur, la déception, la solitude, la fierté, et c'est une dédicace à toutes les valeurs auxquelles son mari et elle-même sont attachés."
"Vous êtes un génie!" s'exclama l'ange.
Le Seigneur parut embarrassé, puis il ajouta: "Ce n'est pas moi qui l'ai mise là..."

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