Article du site web " Morning Life Magazine " :
La semaine dernière, Laëtitia a eu la gentillesse de nous parler de son "couple hors du commun",
de son style de vie ainsi que de l'adaptation quotidienne à laquelle
elle doit faire face quand son mari s'absente plusieurs semaines ou
plusieurs mois. A travers ses mots nous avons pu constater que non
seulement elle avait choisi de partager sa vie avec un homme mais
également avec le métier de ce dernier. Et enfin, nous avons vu que
cette situation n'était pas toujours acceptée par l'entourage de
Laëtitia.
Cette semaine pour cette seconde et dernière partie, "Sélène" nous
entraine dans le tourbillon de sa vie. Tout comme le précèdent
témoignage, les mots de Sélène n'ont pas été modifiés ou retouchés ceci
afin de conserver l'authenticité qui en découle.
Selène
Notre rencontre remonte en mars 2009, coup de foudre. A cette date, il était déjà militaire
depuis 3ans et on en a beaucoup parlé car il se justifiait par rapport à
l’image que peuvent donner les militaires (fêtards, hommes à femmes etc.
etc...). Mais à vrai dire, je n’accorde
pas d’importance aux « on dit » face à ce métier car je
baignais un peu dans le milieu avec mon meilleur ami qui lui aussi est
militaire. Donc, pour
ma part, je ne me suis pas posée plus de questions. Pour moi c’était un métier
comme un autre.
Mais avec
cette rencontre j’ai été mise de suite dans le « bain » de la vie de
compagne de militaire car un mois après il partait en Mission de Courte Durée
(MCD) pendant 4mois.
C’est
vraiment une semaine avant son départ que les questions sur « Nous »
sont arrivées. Notre histoire était toute récente. Un mois seulement. Est-ce
que nous tenions assez l’un à l’autre pour faire face à cette absence de
4mois ? Va-t-il m’être fidèle ? Va-t-il penser à moi ? Suis-je
aussi importante à ces yeux qu’il le dit ? En fait c’était
plus des questions liées à notre couple, à sa longévité.
Il m’a
rassurée tant qu’il a pu jusqu’au jour du départ. Moment affreux mais j’ai
voulu y faire face, lui montrer que j’étais forte et lui faire comprendre que
je l’attendrais.
Le premier
mois a été rude car peu de nouvelles due à son installation, aux
« passassions des commandes », mais je m’occupais un maximum pour que
le temps passe plus vite. Le plus difficile c’était le soir… Après ce laps de
temps, tous les jours j’avais de ses nouvelles et je sentais en moi des
sentiments grandissants et c’est pendant cette MCD que je me suis dit que
c’était lui.
A son
retour, nous nous sommes mis en ménage, entraînant l’incompréhension de
beaucoup et l’inquiétude chez nos familles respectives. Mais allez savoir
pourquoi, pour nous c’était une évidence que nous ne parvenons toujours pas à
expliquer.
A partir de
ce moment là, plus de questionnement sur notre avenir. J’étais sereine et,
lui aussi. Quoiqu’il arrive, je me sentais
déjà prête à le suivre, à l’attendre.
Cette
première mission fût la base des autres car elle nous a rapproché malgré
l’éloignement.
Au jour
d’aujourd’hui je vis plutôt bien ces absences. Mais je pense que ma nature
solitaire m’aide beaucoup. L’amour qu’il me porte me prouve que je n’ai aucune
inquiétude à avoir et avant tout on privilégie la communication.
J’aime ma
vie telle qu’elle est, même rythmée par son éloignement. Je ne connais pas la
routine. Son métier est source d’imprévus et ne pas savoir de quoi est fait le
lendemain me convient tout à fait.
Mais il y a quand même du négatif dans tout cela :
- Les imprévus nous gâchent parfois nos vacances, car il peut
partir et le savoir une semaine à l’avance donc prévoir quoique ce soit avec
mon militaire est impossible.
- Les mutations et l’avenir professionnel des compagnes
de militaire peuvent être un vrai casse tête.
- La plupart du temps, les ennuis m’arrivent quand il est
absent et donc j’ai appris à être débrouillarde mais il arrive que je craque
car à trop encaisser mes nerfs lâchent et là oui je maudis son métier…
Ensuite par rapport à mon entourage, ma famille a très bien
accepté le fait que je sois avec un militaire, contrairement à mes « soit-disant
amis ». J’en ai perdu en l’espace de trois ans. Beaucoup n’arrivaient pas
à comprendre ce mode de vie atypique. J’entendais souvent de leur bouche :
« il est parti, mais tu le savais en te mettant avec lui alors
j’espère que tu ne viendras pas te plaindre », ou il m’est
arrivé plusieurs fois d’annuler des soirées avec eux car mon militaire venait
d’apprendre qu’il partait dans 3jours alors je préférais profiter de lui
pendant ce temps et beaucoup m’en ont voulu. Je ne leur reproche pas, mais
s’ils ne peuvent comprendre cela, ça ne sert à rien que je continue à les
voir.
Étant avec
un militaire m’a donc permis de voir qui étaient mes vrais amis mais
aussi me rendre compte que les seules personnes qui sont restées sont
elles mêmes
militaires ou compagnes de militaires…
Être femme
de militaire demande donc beaucoup de patience, apprendre à faire des
concessions mais aussi je pense qu’il faut arriver à mettre sa vie entre
parenthèses. Je pense aussi qu’il faut savoir se mettre à la place de son
conjoint.
En général
quand il part en MCD, Opex ou sur le terrain, j’essaie de me mettre dans sa
tête, ce qui m’amène généralement à être beaucoup moins égoïste. Je
m’explique : Quand mon homme part, il va dans un lieu qui lui est
totalement inconnu. Il doit faire sa place, prendre ses marques. Moi je suis
dans notre « chez nous », dans notre confort tout en conservant mes
habitudes. Par conséquent je fais en sorte qu’il vive au mieux son départ en
étant compréhensive, à son écoute. J’évite tout sujet qui peut entraîner une
dispute. Mon but premier c’est qu’il soit fier de moi à son retour.
Cependant,
loin de moi l’envie de te dire que tout est beau, tout est rose pendant ses
absences. Il m’arrive de craquer, de me sentir seule ( même si avant son départ
il m’offre toujours quelque chose pour m’occuper : 1ère MCD : un chaton lol et 2ème
MCD : 2 puzzles de 1500 pièces). Étant loin de ma
famille et de mes vrais amis et n’arrivant pas à m’intégrer dans la ville où
nous sommes actuellement, les nerfs craquent parfois. Puis les absences de
nouvelles peuvent être difficiles à supporter car généralement c’est quand il
m’arrive des ennuis qu’il n’est pas joignable. La dernière MCD en date, j’ai dû
passer 1mois et demi sans aucune nouvelle et là j’avoue on se pose beaucoup de
questions : Comment va-t-il ? Que fait-il ? Où
est-il ? Lui est-il arrivé quelque chose ? J’étais à fleur de
peau. Un rien pouvait parfois prendre une dimension gigantesque. En gros
j’étais invivable mais je m’y attendais. Et quand les
nouvelles sont arrivées, c’est magique.
L’euphorie prend place. C’est ce genre
de situation qui nous rapproche davantage. Et je ne te parle pas des
retrouvailles. Moment magique presque irréel car on se dit « Ça y
est ? C’est vraiment fini ? ». On a du mal à y croire. A
chaque fois qu’il m’appelle pour me dire : « je suis en France »,
je reste sans voix, toute timide et limite je n’y crois pas. Et
c’est à partir de ce moment précis que l’attente devient une éternité. On voit
les secondes, les minutes passer très lentement. J’ai l’impression que ces
retrouvailles n’arriveront jamais tellement le temps passe lentement. Et dès
que je le vois après 5 mois d’absence, mon cœur s’emballe, mes yeux deviennent
humides et là j’ai l’impression de redevenir ado, toute timide en ne sachant
pas quoi faire : Lui sauter dans les bras ? L’embrasser ?
Je me sens maladroite mais cela dure uniquement quelques secondes car après
l’amour prend le dessus.
Pour être
franche, j’adore ce moment là. Ce sont des sensations, des ressentis que
personne ne peut connaître à part les femmes de militaires. Ce moment est
vraiment magique !
Un jour, nous avons fait une
petite expérience. Dans le cadre de mon emploi, j’ai dû partir un mois. Il a pu
donc faire l’expérience de l’absence. Et à vrai dire il l’a mal vécu. Se retrouver
seul dans notre maison le rendait souvent nostalgique et parfois triste. Il a
ainsi pu voir ce que c’était et je crois que cette expérience lui à vraiment
ouvert les yeux sur ce que je pouvais ressentir quand lui partait.
Cela fait
maintenant trois ans que nous sommes ensemble, j’ai donc vécu deux MCD et une
multitude de terrains, mais pour rien au monde je ne changerais ma vie. Je ne
pourrais pas revenir dans une routine et une monotonie que beaucoup de couples
connaissent. J’ai appris à vivre au jour le jour et au rythme du métier de mon
futur époux.
Aujourd’hui
nous venons même de remplir sa fiche de mutation. Si tout va bien l’année
prochaine nous partons. Un nouvel avenir s’offre à nous. Départ à zéro pour moi
professionnellement parlant. Oui je suis inquiète, oui, je me demande si
j’arriverais à trouver du boulot et avoir une vie sociale mais j’avance malgré
ces inquiétudes car dans tout couple, il faut savoir faire des
concessions ;)
Comment rester de marbre en lisant les mots de Sélène ? Comment éprouver de l'incompréhension face à cet amour atypique ? Certes, certain(e)s après avoir lu ce témoignage vont se dire "Oui, bof, il n'y a pas que dans cette situation où on connait l'éloignement avec le conjoint". Je suis tout à fait d'accord avec ça MAIS avouons qu'entre un déplacement à San Francisco dans un hôtel 5* et un déplacement en zone de conflit comme l'Afghanistan par exemple, il y a une sacrée différence non ?
Avant que chacun(e)s retourne à son quotidien, j'aimerais encore
remercier Laëtitia et Sélène et le texte qui suit, c'est pour vous 2
mais aussi pour toutes les femmes de militaire à travers le monde.
Le Bon Dieu était en train de créer un modèle de femme de militaire et
en était à son sixième jour de travail supplémentaire quand un ange
apparut. "Seigneur, il semble que vous ayez là beaucoup de soucis"
dit-il. "Qu'est-ce qui ne va pas avec ce modèle?"
Le Seigneur répondit: "Avez-vous lu les instructions concernant cette commande?
Cette femme doit être totalement indépendante, posséder les qualités à la fois du père et de la mère, être une parfaite hôtesse pour quatre invités comme pour quarante et ce avec une heure de préavis, "marcher" au café noir, parer à toute urgence sans manuel, être capable de poursuivre ses activités allègrement même si elle est enceinte et grippée, vouloir bien déménager dix fois en dix-sept ans. Ah! Et puis elle doit avoir quatre bras.
" L'ange secoua la tête: "Quatre bras? Impossible!"
Le Seigneur poursuivit: "Ne vous en faites pas. Nous ferons d'autres femmes de militaires pour l'aider. Nous la doterons d'un cœur particulièrement fort pour qu'il puisse se gonfler de fierté au récit des exploits de son mari, supporter la douleur des séparations, continuer à se battre inlassablement quand elle est débordée et fatiguée, et être assez grande pour dire "je comprends" quand elle ne comprend pas, et dire "je t'aime" sans réserve."
"Seigneur," dit l'ange en lui touchant le bras doucement, "allez vous coucher et prenez un peu de repos. Vous pourrez terminer demain."
"Je ne peux m'arrêter maintenant," dit le Seigneur, "je suis si près de réussir à créer quelque chose d'unique. Déjà ce type de femme se guérit toute seule quand elle est malade, peut héberger six invités imprévus pour le week-end, dire au revoir à son mari sur un quai, une piste ou dans une gare, et comprendre pourquoi il est important qu'il parte."
L'ange fit le tour du modèle de femme de militaire, la regarda de près et soupira: "Elle a l'air bien, mais elle est trop douce." "Elle a l'air peut-être douce," répliqua le Seigneur, "mais elle a la force du lion. Vous n'imaginez pas tout ce qu'elle est capable d'endurer et de supporter."
Finalement, l'ange se pencha et caressa du doigt le visage de la création de Dieu. "Il y a une fuite sur sa joue!" constata-t-il. "Quelque chose ne va pas dans votre construction. Je ne suis pas surpris. Vous essayez d'en mettre trop dans ce modèle."
Le Seigneur parut offensé par le manque de confiance de lange: "Ce que vous voyez là n'est pas une fuite. C'est une larme..."
"Une larme? Pourquoi donc?" demanda l'ange.
Le Seigneur répondit: "C'est pour la joie, la tristesse, la douleur, la déception, la solitude, la fierté, et c'est une dédicace à toutes les valeurs auxquelles son mari et elle-même sont attachés."
"Vous êtes un génie!" s'exclama l'ange.
Le Seigneur parut embarrassé, puis il ajouta: "Ce n'est pas moi qui l'ai mise là..."
Le Seigneur répondit: "Avez-vous lu les instructions concernant cette commande?
Cette femme doit être totalement indépendante, posséder les qualités à la fois du père et de la mère, être une parfaite hôtesse pour quatre invités comme pour quarante et ce avec une heure de préavis, "marcher" au café noir, parer à toute urgence sans manuel, être capable de poursuivre ses activités allègrement même si elle est enceinte et grippée, vouloir bien déménager dix fois en dix-sept ans. Ah! Et puis elle doit avoir quatre bras.
" L'ange secoua la tête: "Quatre bras? Impossible!"
Le Seigneur poursuivit: "Ne vous en faites pas. Nous ferons d'autres femmes de militaires pour l'aider. Nous la doterons d'un cœur particulièrement fort pour qu'il puisse se gonfler de fierté au récit des exploits de son mari, supporter la douleur des séparations, continuer à se battre inlassablement quand elle est débordée et fatiguée, et être assez grande pour dire "je comprends" quand elle ne comprend pas, et dire "je t'aime" sans réserve."
"Seigneur," dit l'ange en lui touchant le bras doucement, "allez vous coucher et prenez un peu de repos. Vous pourrez terminer demain."
"Je ne peux m'arrêter maintenant," dit le Seigneur, "je suis si près de réussir à créer quelque chose d'unique. Déjà ce type de femme se guérit toute seule quand elle est malade, peut héberger six invités imprévus pour le week-end, dire au revoir à son mari sur un quai, une piste ou dans une gare, et comprendre pourquoi il est important qu'il parte."
L'ange fit le tour du modèle de femme de militaire, la regarda de près et soupira: "Elle a l'air bien, mais elle est trop douce." "Elle a l'air peut-être douce," répliqua le Seigneur, "mais elle a la force du lion. Vous n'imaginez pas tout ce qu'elle est capable d'endurer et de supporter."
Finalement, l'ange se pencha et caressa du doigt le visage de la création de Dieu. "Il y a une fuite sur sa joue!" constata-t-il. "Quelque chose ne va pas dans votre construction. Je ne suis pas surpris. Vous essayez d'en mettre trop dans ce modèle."
Le Seigneur parut offensé par le manque de confiance de lange: "Ce que vous voyez là n'est pas une fuite. C'est une larme..."
"Une larme? Pourquoi donc?" demanda l'ange.
Le Seigneur répondit: "C'est pour la joie, la tristesse, la douleur, la déception, la solitude, la fierté, et c'est une dédicace à toutes les valeurs auxquelles son mari et elle-même sont attachés."
"Vous êtes un génie!" s'exclama l'ange.
Le Seigneur parut embarrassé, puis il ajouta: "Ce n'est pas moi qui l'ai mise là..."



